29/02/2016

LES JOURS SUCRES de Anne Montel et Loic Clément

Un peu de douceur en ce bas monde que diable !
Une histoire de liens, de partage, de volonté... d'optimisme surtout !

Laissez vous envahir par cette atmosphère chaleureuse dont chacun à bien besoin de nos jours...

Loic Clement et Anne Montel nous apportent une dose de gourmandise et de détente avec cette jolie bande-dessinée, dont on peut sentir l'alléchant parfum des viennoiseries au fil des pages.


« Histoire d'amour et d'eau de pluie qui réchauffera votre cœur » -comme le dit si bien l'illustratrice- Les jours sucrés entraînent le lecteur dans la Bretagne profonde où Églantine vient d'hériter de la boulangerie de son père. 

Pour cette jeune graphiste parisienne, cette succession au cœur du village de Klervi n'est vraiment pas un cadeau ! Que ferait-elle d'une boutique léguée par un père qui les a chassées, elle et sa mère, quand elle n'avait que 8 ans ? Que faire avec cette tante muette, ces chats envahisseurs (et un poil dramatiques) et cet amoureux d'enfance plein d'enthousiasme et d'attentions ? Vendre et repartir vite bien sur ! Oui mais tout n'est pas si simple pour Églantine, qui tombe (pas vraiment par hasard) sur le journal intime d'Eugène, son père.

Commence alors le grand chamboulement, l'heure des découvertes et des grandes décisions.

Entre hésitation et réconfort, chaleureuses surprises et blessures ré ouvertes, une chose est sûre, la vie de la jeune femme sera pour toujours recouverte d'une douce enveloppe sucrée. N'hésitez plus une seule seconde, éteignez votre ordinateur (enfin, prélassez-vous tout de même un peu auprès de nous), et précipitez-vous lire cette histoire à croquer.

Et pour vous donner un petit aperçu (ou prolonger le délice), voici le blog culinaire des deux auteurs, pour encore plus de moelleux et de bonheur !

Bonne dégustation !



Signé: Gizmo

28/02/2016

Réveille la dinde en toi


Mes petites dindes, licornes magiques et autres sirènes enchantées, voici quelques ouvrages qui vont faire ressortir le bisounours en vous. Et oui la vie est belle, vive les happy-end ! Aussi décriée et méprisée soit-elle, voici une sélection de bonnne littérature sentimentale :


Le théorème du homard de Graeme Simsion est vraiment très drôle ! Le personnage principal est follement original, légèrement autiste sur les bords et d'une logique implacable, un régal ! Don Tillman grand professeur en génétique a tout prévu pour trouver la femme idéale et il a une loooooongue liste d'exigences, mais souvent tout ne se passe pas comme prévu. Il existe un deuxième tome mais je préfère ne pas en parler... il va en exister un troisième... mais je peux pas encore en parler héhé !
GROS coup de cœur pour La bibliothèque des cœurs cabossés de Katarina Bivald, en plus d'être une belle histoire, c'est un bel hommage au monde du livre et une superbe galerie de personnages un peu abîmés (d'où le titre...) comme on les aime. Ils sont tellement attachants, tous avec leurs gros défauts et leurs énormes qualités, ce sont presque des caricatures au début puis ils deviennent bien plus profonds au fur et à mesure de l'histoire. En plus l'histoire a eu une résonance particulière en moi car je rêve d'avoir une petite librairie aménagée de mes petites mains, comme celle de l'héroïne et si en plus elle rend les gens heureux, que demander de plus !

D'ailleurs cette belle galerie de personnages un peu abîmés m'a beaucoup fait penser à mes trois livres préférés de Katarina Mazetti : Les larmes de Tarzan, Le Mec de la tombe d'à côté (sa suite est une hérésie donc je me refuse à en parler) et Ma vie de pingouin (j'adore les pingouins, oui tout le monde s'en fout et alors!). Ces livres ont quelques points communs : des couples improbables, mal assortis, chacun avec leur petit caractère, de belles couvertures (bien que l'expression populaire veuille que cela de compte pas... ça compte !) et surtout ils font du bien.  Concluons par cette phrase prise dans Ma vie de pingouin  "Tous les êtres humains sont des icebergs. Il faut se souvenir que neuf dixième de nous sont invisibles sous la surface. C'est ce qui rend l'existence si intéressante." 
Et pour finir le livre qui va faire lever les yeux au ciel de mes chers collègues Ensemble, c'est tout d'Anna Gavalda. Encore des gens cabossés qui revendiquent le droit d'être heureux aussi, une belle tranche de vie qui fait du bien. A lire en une nuit (dormir c'est pour les faibles). «Et puis, qu'est-ce que ça veut dire, différents ? C'est de la foutaise, ton histoire de torchons et de serviettes... Ce qui empêche les gens de vivre ensemble, c'est leur connerie, pas leurs différences...» Pour ceux que ça intéresse y a eu un film...
C'est pas de la grande littérature, on est d'accord, mais on peut poser son cerveau tout va bien se passer et parfois ça fait tellement de bien ! On a tous une dinde en nous qui ne demande qu'à sortir !

Signé : 


24/02/2016

LE DERNIER AMOUR D'ATTILA KISS de Julia Kerninon

L'épreuve du second roman ne doit pas être une mince affaire ! Pourquoi ?
Et bien parce qu'une fois la lecture achevée de Buvard, de Julia Kerninon, la lectrice que je suis attendait déjà des nouvelles de Julia Kerninon.
Époustouflant premier roman qui magnifiait dans une langue si juste, la rencontre entre l'auteur et le lecteur entre autres choses magnifiées.
 La critique avait aussi très bien accueilli ce premier roman, c'était en 2014.

Le dernier amour d'Attila Kiss  est un subtil entrelacs entre l'histoire d'Amour d'Attila Kiss, le hongrois et Théodora, l'autrichienne, l'Histoire de leurs deux pays, frères ennemis, et leurs histoires familiales.

L'auteur nous attend alors, là où nous n'aurions jamais pensé aller. Elle fait résonner les pensées d'Attila avec les paroles de Théodora. L'ombre et la lumière, le dedans le dehors, la jeunesse et la vieillesse, la richesse et la pauvreté, le bourreau,  et la victime, mais qui est vraiment la victime ?
La question de la création artistique plane aussi sur ce roman, tout comme dans Buvard.
La surprise est totale. La réussite aussi.

Le résultat est d'une subtilité subjuguante, et d'une intelligence rare. La force du récit monte crescendo, nous, lecteurs, avançons sur un fil tendu. Nous rencontrons ces deux personnages guidés, trompés, et rattrapés, par la plume de Kerninon.
Le regard a changé, s'est fait plus fin, les choses n'étaient donc pas aussi simples.

Chapeau bas.



Signé : Range le sas

PLATEAU de Franck Bouysse

 "Georges resserre ses mâchoires pour ne pas laisser dévaler de sa bouche des mots qu'il pourrait regretter, puis reprend :
- Quand on vit les uns sur les autres à longueur d'année, ça aide à se supporter de pas tout se dire. J'imagine que ça entretient aussi l'espoir. "

Un hameau de 30 habitants en haute Corrèze, une famille bancale et secrète, un mystérieux chasseur qui rode dans l'ombre des bois... Le décor est planté, les choses sérieuses peuvent commencer.

Plateau c'est un roman noir exceptionnel, une écriture à la fois mordante et poétique, où les silences sont lourds de sens et où l'atmosphère vous prend au corps.
Ce sont des étendues de forêts denses et des ombres jusque dans les maisons, une délivrance inattendue et une menace imprévisible.

C'est surtout la magie des mots, l'intensité des liens, la douceur des émotions.


Signé: Gizmo

L'HIPPO D'AMERIQUE de Jon Mooallem

Attention ! Une histoire de dingues peut en cacher une autre… Celle que nous raconte Jon Mooallem dans L'hippo d'Amérique est à elle seule tout un programme, même si l'Histoire n'a pas voulu la retenir… Pensez donc, il s'agissait de palier à la pénurie de viande qui sévissait alors aux Etats-Unis (au début du siècle dernier), et c'est avec le soutien de l'ancien président Theodore Roosevelt que certains se lancèrent dans un lobbying qui dura plusieurs années afin de promouvoir l'introduction… des hippopotames sur le territoire américain (et pour ça les marais de Louisiane et de Géorgie étaient tout indiqués), à dessein d'élevage intensif et de sacrés steaks à venir dans les assiettes.

A l'origine de cette drôle d'idée, tout sauf des allumés avec, à leur tête, un Américain aventureux au charisme extraordinaire, l'emblème d'un pays tout entier, Frederick Burnham. Un sacré bonhomme en vérité, qui fut un cavalier hors pair, un soldat intrépide, un découvreur de mondes bref, un type comme on n'en fait plus. Il fut soutenu dans ce projet pro-hippo par un autre personnage non moins savoureux mais qui était comme son envers et pour cause, ils s'étaient cherché sans jamais se croiser durant l'effroyable seconde guerre des Boers en Afrique du Sud, se livrant à une guerre sans merci. Leurs faits d'armes faisaient alors partie de leur légende. L'adversaire de Burnham était Boer, il s'appelait Fritz Duquenne et se faisait appeler la Panthère Noire.

Vous n'êtes pas dans un roman de Ridder Haggard (un ami de Burnham, d'ailleurs), mais dans la vraie vie. L'expression « bigger than life » a du être inventée pour ces deux-là qui, en soldats très old-school, se vouaient un respect réciproque tout sauf fabriqué. Burnham, droit comme un I, généreux, jamais pris en défaut, côtoya les grands hommes de son temps, et mourut dans la gloire. Duquenne eut un destin autrement plus accidenté. Il était notamment si rempli de haine à l'égard des Anglais qu'il fit quelques choix… aveugles durant la 2eme guerre mondiale. Quand Mooallem nous raconte sa vie se profile, derrière lui, la figure maléfique de Fantomas, ou d'une espèce de Mabuse éperdu de colère.

La vie de certains hommes vaut bien une bibliothèque toute entière… La leur ne tient que dans ce livre de 105 pages, mais elle est incroyable...

Signé: RongeMaille

VONGO ZERO de Yana Vagner

« Si l'on a décrété un jour qu'il valait mieux vivre à deux pas de la porte et de la fenêtre de son voisin, c'est parce qu'on s'est imaginé que la vie serait plus sûre ainsi en oubliant que n'importe qu'elle connaissance peut se transformer en un ennemi farouche pour peu que l'on possède quelque chose dont elle a réellement besoin. »

Que feriez-vous si par un automne en pleine Russie, vous preniez conscience que l'épidémie de grippe mortelle qui s'abat partout sur le pays ne va faire que s'amplifier?
Faut-il attendre que ça passe, calfeutré dans la chaleur réconfortante de sa maison, ou fuir, loin, très loin, comme le décident Anna, Sergueï et une poignée de leurs connaissances?

Si vous choisissez la deuxième option, préparez-vous à un long périple à travers la froide taïga et l'hostilité grandissante...



Signé: Gizmo

LE LAC de Yana Vagner

Ca y est, vous y êtes. Cette petite île sur ce lac gelé, au milieu de nulle part, loin de la maladie, des villes désertées et des survivants violents.
Ce petit coin salvateur où sont entassés 11 personnes dans une cabane, la destination finale d'une course angoissante de deux semaines à travers une partie de la Russie.
Ce refuge où Anna vous à introduit, vous chuchotant son histoire et sa fuite face à cette contamination qui se propage et tue sans distinction.

Le virus se trouve sur l'autre rive, séparé d'Anna et ses comparses par une étendue sombre. Le danger mortel ne leur caresse plus la nuque, la folle course contre la montre s'est arrêté il y a maintenant 4 mois.

Le soulagement pourrait être là, mais il se fait attendre.
Car la peur est toujours présente, et dans toutes les têtes la même question: qui viendra à bout de ce groupe hétérogène ? La fin et le manque de nourriture, cette absence  d'intimité oppressante et l'irritation générale ou ces trois hommes, qui arrivent un beau matin en apportant des chocolats?

Avec son second roman, Yana Vagner vous plonge dans un huis clos étouffant où l'immense étendue blanche à l'extérieur ne vous sera d'aucun secours, et où l'angoisse grandira au fil des pages...



Signé: Gizmo

21/02/2016

TOUTES LES FEMMES SONT DES ALIENS de Olivia Rosenthal


On aimerait qu'un jour, Olivia Rosenthal et Pacôme Thiellement se retrouvent à table et discutent ensemble de cinéma devant quelque bonne bouteille. On se ferait alors petite souris, et on prendrait des notes. Car la demoiselle a quelque chose à voir avec l'auteur de Cinéma Hermetica (recueil d'articles savants, siphonnés et géniaux paru il y a peu chez Super 8), dans cette façon absolument gracieuse et décomplexée d'aborder son sujet selon des angles assez imprévus .

En trois chapitres bien distincts, elle nous parle successivement de la tétralogie des Alien inaugurée par Ridley Scott en 1979, puis des Oiseaux de Hitchcock et enfin, rassemblés en une doublette audacieuse, du traumatique Bambi et du scandaleux Livre de la jungle de Walt Disney.


Toutes les femmes sont des aliens, la première partie qui donne son titre au livre, s'attarde longuement sur ce qu'on savait déjà quant aux rapports ambigus entre l'infernale bestiole et la délicieuse Ripley, héroïne récurrente et increvable femme de tête. Eradication du corps masculin, enfantement dans la douleur et dans la mort, expulsion de la bête, accouplements contre-nature. Pour se finir par une sorte d'idylle bizarre, dans l'ultime plan du dernier volet, entre une Ripley mi-femme, mi-alien, filant vers d'autres cieux étoilés en compagnie d'une cyborg mignonne à croquer. Bien vu !

Les oiseaux reviennent, sur le grand classique de sir Alfred, ne s'attarde pas trop sur ce que nous savons déjà sur un des films les plus (psych-)analysé du maître (avec Vertigo), mais s'en donne à cœur joie dans la stigmatisation de la haine des blondes que semble d'ailleurs partager mademoiselle Rosenthal. C'est vrai qu'elle finit dans un sale état, Tippi Hedren.

Quant à Bambi & co, baroud d'honneur de ce délicieux petit opuscule (150 pages à peine), l'auteur nous invite à repenser ce prétendu drame fondateur que fut la mort de la maman du petit faon aux si jolis yeux, et surtout à ne pas montrer Le livre de la jungle à des gosses qui pourraient s'imaginer que les panthères ont des voix de fumeur de Gauloise, et que les ours dodelinent du cul avec des bananes autour des hanches. Regardez donc dans quel état de confusion mentale cela a mis certaines personnes lors de récentes manifestations de rue...
Iconoclaste en diable, d'une délicieuse ironie, la cinéphilie est une maladie qui gagne a être répandue lorsqu'elle est transmise avec autant de liberté.


Signé: RongeMaille

MORPHINE de Szczepan Twardoch

On croirait lire un roman des années 30, à moins que ce ne soit un inédit d'un ces vieux auteurs classiques très Mitteleuropa, mais non, Morphine est bien l'oeuvre d'un jeune auteur polonais contemporain, Szczepan Twardoch, qui n'a pas 40 ans. Un roman bien tassé de plus de 500 pages au propos anachronique à première vue, mais qui trouve ici un écho des plus étranges.

Que raconte Morphine si ce n'est qu'il aurait pu s'appeler La déchéance d'un sinistre imbécile ?Konstanty, dit Kostia,  le « héros » de cette histoire est officier dans l'immortelle armée polonaise, au lendemain de ce qui restera comme la plus belle déculottée militaire du XX° siècle. Les polonais se sont fait écrasé par l'armée du Reich, Varsovie a été pilonnée sans merci, et les Allemands commencent à planter leurs petits drapeaux un peu partout. Nous sommes en 1939. Kostia conchie les généraux de son armée et considère de haut ces patriotes qui parlent de l'immortalité de l'âme polonaise. Il s'en fiche Kostia, car il est le plus malin de tous : il a assez de vivres et de charbon pour faire vivre sa femme et son gosse, il a assez d'argent pour entretenir Salomé, la sinistre putain vénéneuse et languide avec qui il partage sa passion, la morphine. Et puis comble de tout, coincé entre ses serpents d'allemands et ses couards de polonais, il possède une arme fatidique : il est à moitié allemand, par son père, et maîtrise parfaitement la langue.


En lisant Morphine, on se retrouve direct dans le Berlin d'Alfred Döblin, la Russie de Boulgakov ou dans une clinique d'un roman de Kosztolanyi. Un cloaque insensé qui va mener Kostia à sa perte. Sauf que ce qui va le perdre se passe dans sa pauvre caboche.


Grandeur et décadence d'un petit bonhomme pourrait être un autre titre pour ce roman de facture classique, mais profondément malade. Lorsque Kostia marche dans les rues de sa ville, il est précédé ou suivi par lui-même, parle de lui à la troisième personne, comme atteint d'un léger décalage temporel... physiologique. Il s'insulte puis se sublime, vous raconte l'avenir des gens qu'il croise. La morphine, cette belle amie lui fait voir son existence en grandiose, puis en vaseux dégoulinant. Salomé est sublime et décatie au réveil, sa femme le méprise du plus profond de son cœur, il se souvient de sa mère complètement folle, de son père tué par une balle polonaise durant la Grande Guerre, et de son seul véritable amour, parti épouser son meilleur ami.

La tête du sous-lieutenant Konstanty Willemann est un épouvantable fatras et cette guerre contre lui-même va le détruire. Formé de spirales et de volutes serpentines, le roman de Twardoch vous contracte dans ses nœuds lentement mais sûrement. C'est assurément le travail d'un grand écrivain, et on sort de son livre à la fois dégoûté et consterné par le mal qu'un homme peut se faire à lui-même. Avec l'aide de Soeur Morphine, cette divine traînée.




Signé: RongeMaille

20/02/2016

ANOMALIA de Laura Gustafsson


 Le rongeur de livres que je suis admet apprécier la littérature qui taille dans le vif, quitte à se montrer parfois brutale, crûe, méchante. Mais là, avec ce roman de Laura Gustafsson qui vient de paraître chez Grasset, on devra admettre qu'on s'en est pris plein les dents. Anomalia est un livre qui joue avec les limites, avec notre tolérance à la douleur, et c'est pour cela qu'il a droit à cette notule..

Anomalia est un roman à plusieurs trames en apparence sans lien, mais dont on devine assez vite les intentions : Laura Gustafsson veut nous y parler de notre part d'animalité, en même temps qu'elle veut montrer du doigt l'anomalie que nous constituons au cœur de la Création. On y suit une hôtesse de l'air qui, lors d'une escale en Inde succombe à un bel et sombre inconnu, et tombe enceinte de ses œuvres ; apprenant que son enfant naîtra trisomique, elle décide de la garder et s'enfonce dans la forêt... Et puis il y a ce pasteur, en Inde toujours, presque un siècle plus tôt, qui tente de soigner et d'éduquer deux gamines que des chasseurs ont récupérées, et qui ont été élevées par des loups (une histoire qui se rapporte d'ailleurs à des faits véridiques).

Et puis il y a... de la page 143 à 228 ce long calvaire littéraire intitulé Le livre de Baby P. 80 pages d'ignominie que vous ne pouvez vous empêcher de lire d'une traîte, l'histoire du calvaire sans fin d'un bambin encore dans ses couches, aux prises avec la débilité d'une mère immature, et d'un beau-père sadique et pervers. Un concentré de lumpenprolétariat anglais comme dans certains films « à l'os » de Alan Clarke, ou le roman ricanant de Martin Amis Lionel Asbo. Les pitbulls enfermés dans la cuisine, la vaisselle sale qui déborde, les crottes de chien incrustés dans la moquette, la télévision qui braille en permanence, les coups qui partent, les beuveries sans fin, tee-shirt Britney Spears pour elle, Mein Kampf pour lui, des assistances sociales qui n'y voient rien, une inspectrice de police à qui l'on demande de s'occuper de ses oignons, la courte vie en accéléré de bébé et comment il finit. Une horreur sans nom, 80 pages aux limites du supportable écrites sans forcer, un survol en accéléré de ce qu'il faut en retenir, sans pathos ni empathie, avec à peine une pointe d'ironie.


Laura Gustafsson s'était déjà faite des ennemis avec son précédent Conte de putes (pas lu), et cela ne va certainement pas s'arranger. Cette belle jeune femme, provocante, tatouée et sans complexe, sait enfoncer sa plume là où ça fait hurler. Ses mauvaises manières sont radicales, certes, et pas toujours bienvenues (la quatrième partie, sorte de courte pièce de théâtre, est franchement faiblarde) mais elle sait ce qu'elle recherche. Elle qui, parait-il, offre aussi des pièces scéniques décoiffantes entre théâtre et performance sur ses propres textes, a au moins cette conviction bien nette qui est la suivante : non, l'homme n'est pas un loup pour l'homme, ce serait insulter l'animal. Mais l'homme est un porc pour tout le monde.


Vous l'aurez compris : à ne pas mettre sous tous les yeux...


Signé: RongeMaille

13/02/2016

BUVARD de Julia Kerninon

C’est pas nous qui vous dirons le contraire chers lecteurs, dés lors qu’un roman, qu’une œuvre nous a bouleversé, alors,  d’étranges phénomènes se produisent.
On se met tout d’abord à chercher, trouver, puis lire tout ce que cet auteur a écrit. On attend tous ses romans.
Et puis, ne le cachons pas, on se prend à rêver secrètement de le rencontrer l’auteur. L’Auteur.
Cet être à part qui a su mettre les mots, sur ce que nous portons sans savoir le dire !
Dans ce premier roman splendide, à tout juste 27 ans, Julia Kerninon réussi le tour de force à magnifier cette rencontre. L’Auteur et son lecteur.
Dans son roman court, fluide et brillant Kerninon nous met face à Lou, un jeune journaliste. Celui-ci a décroché une interview fleuve de Caroline N. Spacek, auteur à la réputation sulfureuse de bagarreuse enragée, auteur reconnue. Celle-ci va le garder quelques neuf semaines d’un été brûlant dans sa maison dans la campagne anglaise.
Le titre et le sous titre de Kerninon prennent alors tout son sens : Buvard, autobiographie de Caroline N. Spacek. Le buvard, c’est Lou, l’autobiographie, ce sont les heures de conversation qu’elle va lui offrir, chaque jour. Elle l’auteur révélée par un autre auteur. Elle reconnait en Lou une honnêteté qu’elle ne trouve plus ailleurs. La confiance tnaît. Tout devient possible.
Une vraie perle.



Signé : Range le sas

11/02/2016

L’ODYSSEE DU PINGOUIN CANNIBALE de Yann Kerninon

Certains olibrius cachent parfaitement leur jeu, pour preuve ce sauvage peinturluré et grimaçant qui est aussi un essayiste et philosophe qui s’est déjà fait un nom, (Kerninon nom de nom) et qui raconte dans ce livre-ovni des plus ébouriffant sa conversion subite et nécessaire, brutale et vitale, cannibale et absolue au Fuck Metal Pingouin .
Ne cherchez pas dans l’encyclopédie du rock d’Assayas, vous ne trouverez pas. Car tout est parti d’une blague entre amis (de la meilleure société, jeunes quadras sur-diplômés et vie de famille en harmonie avec les astres), concernant deux pingouins et le port, ou pas, du smoking sur la banquise. A peu près selon la même croyance en l’infini et en l’absurde qu’un célèbre amuseur local qui a prétendu fort justement qu’on pouvait devenir n’importe qui en faisant n’importe quoi, ou quelque chose dans le genre,  Kerninon and his Band ont réagi de la même façon à la vacuité de leur vie et au bordel ambiant par un « faisons n’importe quoi » salvateur.
Comme L’odyssée du pingouin cannibale est aussi un livre autobiographique, l’auteur consent à admettre qu’il s’était tiré quelques temps auparavant d’une mauvaise déprime de fond qui lui faisait voir les choses en très très noir. Comme il a la pudeur de ne pas s’étendre là-dessus plus qu’il n’en faut, il décrit par contre dans les grandes largeurs la naissance de ce groupe post-punk pro-metal noisy-kouglof baptisé Cannibal Penguin avec un luxe de détail qui fait plaisir.
1. D’abord le précepte punk de base: ne pas savoir jouer, et de préférence à contre-temps de ses petits camarades. Alcools bienvenus. Provocations gratuites. Tenues choquantes, voire inquiétantes, textes débiles.
2. Puis le précepte Lenny Killmeister de Motörhead: les amplis à fond. Alcools bienvenus. Tenues crades, mauvais goût appliqué.
En playlist, une reprise hurlée de l’insupportable tube de boîte 80′sPartenaires particuliers. Un morceau baptisé Fa# avec cette seule note jouée tout le temps, et longtemps. Une reprise de Anarchy in the U.K. des Sex Pistols version zoukée (là, il faut un batteur avec un peu de sens du rythme quand même). Et le tout qui se termine sur une… chenille. Oui, celle qui redémarre, rappelez-vous…
Tout cela a l’air bien rigolo, mais le dévoiement de ce philosophe vers la Cannibal Penguin Attitude est une idée qui se tient. Kerninon nous explique dans le détail pourquoi.
Parce que.
Lorsqu’il bat le rappel de Camus et de son mythe de Sisyphe, on le suit sans peine au fil d’une pensée assiégée par le doute. Lorsqu’il fait des ponts avec le nihilisme incompris du suicidé Kurt Cobain, il se rappelle de Sid Vicious qui, lui, n’était pas incompris. Il interpelle la pensée de Heidegger au passage (là, on a un peu décroché, excusez…) et se rappelle d’un spectacle de magie qu’il avait donné dans une maison de retraite, à une époque.
Le nœud du problème, selon notre palmipède disgracieux, se niche au cœur de ces satanées années 70, durant lesquelles il a vu le jour, et d’où ont émergé ces énergumènes de Monty Python et Sex Pistols. Selon lui, leurs conneries seraient aujourd’hui la norme. Réfléchissez-y un brin et vous sentirez monter la force irrépressible du Fuck Metal Penguin.
Yeah.

Signé : RongeMaille

10/02/2016

POUR LA PEAU de Emmanuelle Richard

Pour qui est fan de Dominique A, le titre, rien que le titre de ce roman fait écho, résonne, interpelle !
Et bim, les grands esprits qui se rencontrent, bonne pioche.
Emmanuelle Richard signe là son second roman. Pour la peau est un texte fort, très fort, tout à la fois sur la rencontre amoureuse et la rupture. Emmanuelle la narratrice se sépare tout juste de S. avec lequel elle a vécu de nombreuses années lorsqu’elle rencontre en cherchant un nouvel appartement E.
Emmanuelle va commencer par s’inscrire sur des sites de rencontre, car elle se trouve à un moment de sa vie où elle n’a pas envie de liens. Elle veut du charnel, sans histoire. Pas de couple, pas d’attache. Des épidermes seulement.
Elle va commencer par ne pas voir du tout ce E. qui va lui faire visiter un appartement. Et puis, tout va lentement basculé.
Pour parvenir à restituer la force de ce qu’elle va vivre comme une « surprise », comme un « imprévu » qui balaiera tout sur son passage, Emmanuelle Richard mise tout sur son écriture forte, portée par des phrases qui tombent comme des couperets, mais aussi sur une construction originale. Une construction qui joue sur la temporalité, la distance avec E.
Son texte regorge de références à ce qui fait sa culture littéraire, de clins d’œil à ce qui fait notre époque aussi.
On pense à Sophie Calle et son Prenez soin de vous, œuvre totale qu’elle a construite pour transcender la douleur de la rupture. Et bim les grands esprits qui se rencontrent !
Pour la peau pose la question de la rencontre, du moment de la rencontre et puis de la douleur causée par la rupture.
Fort, très fort.




Signé : Range le sas

09/02/2016

ET LES REGRETS AUSSI de Seth Greenland

Mais enfin, qu’est-ce qui m’arrive ? Me laisser avoir par une bête histoire d’amour de bobos new-yorkais alors que la Terre se consume, que les migrants déferlent en masse sur notre Occident civilisé et que demain nous serons peut-être dirigés par… Non, stop, arrêtons de nous culpabiliser avec ces stupidités et revenons-en à quelques fondamentaux. La littérature peut servir à ça aussi, lorsqu’elle est à la fois grand public et portée par une vraie exigence d’écriture, avec pour seule ligne de mire de nous caraméliser notre petit cœur tout mou qui, au fond, ne demande que ça.
Seth Greenland n’en est pas à son coup d’essai, et on ne saurait trop vous recommander la découverte de ces trois précédents romans, repris depuis dans la collection Piccolo de Liana Levi. Mais c’est la première fois sans doute qu’il ose tremper sa plume, qui ne manque ni de punch ni d’ironie, dans l’eau de rose. Car Et les regrets aussi, ça n’est pas autre chose que Love story à une autre époque, dans un autre contexte, et surtout sur un autre ton.
C’est l’histoire de Jeremy, employé modèle d’un grand cabinet d’avocats new-yorkais, promis à un brillant avenir, dont la passion véritable est d’écrire de la poésie, sous pseudo. Pas tout à fait à sa place dans un univers un brin trop matérialiste pour lui, mais se fondant parfaitement dans le décor, Jeremy possède des rêves qu’il sait ne pouvoir partager avec personne… Jusqu’à ce que débarque un jour dans son bureau la (très) jeune fille d’un de ses patrons, sorte de grand Duduche au féminin, au franc-parler assez particulier et au charme fou.
Et c’est parti mon kiki pour quelques 300 pages d’un bonheur de lecture absolu qui filent sans crier gare. Avec son style d’écriture qui fait de Seth Greenland le voisin de palier de Iain Levison et de Jason Starr, autres genres d’aigrefins à l’écriture bien aiguisée, son roman ne bascule pas complètement dans le mélo. Et on lui en sait gré. Ce juste équilibre fait tout le sel de cette histoire d’amour touchante, et juste.
Sans oublier au passage d’adresser un coup de chapeau à Mr Jean Esch, éminent traducteur à qui l’on doit déjà de grandes choses (Westlake, Connelly, Pullman et tant d’autres) et qui n’est sans doute pas étranger au plaisir procuré par cette douceur.

Signé : RongeMaille

05/02/2016

BALLADE POUR LEROY de Willy Vlautin

En tant que Président Directeur Général du fan-club de Willy Vlautin, que je considère comme le meilleur écrivain américain à avoir émergé ces dix dernières années, force m’est de reconnaître que Ballade pour Leroy n’est peut-être pas son meilleur livre. En dessous, sans doute, de cette merveille que fut Cheyenne en automne (paru en 2012 aux défuntes éditions 13ème Note, et hélas épuisé), mais sûrement au niveau ce ses deux premiers opus, Motel life et Plein Nord. Ce qui le place, du coup, bien loin devant tout le monde…
Il faut savoir que Vlautin est d’abord le leader d’un groupe de country-folk progressif (si, si, ça existe), qui s’est fait une réputation aux Etats-Unis, les Richmond Fontaine. Pour se faire une idée, imaginez un mélange de douceur et de mélancolie brute à la Steve Earle. Un genre de Willy Nelson mélangé au Springsteen des débuts, celui de Nebraska. Douceur et mélancolie sont sans doute les termes qui définissent le mieux le style de cet écrivain qui parle de ce qu’il connait sur le bout des doigts, à savoir le monde des laissés-pour-compte de l’Amérique de toujours. Ce qu’une sociologie péjorative a qualifié il y a longtemps de communauté white-trash, un monde sur lequel, justement, ont mis la main des écrivains prestigieux comme Harry Crews, Hubert Selby Jr ou l’immense Larry Brown… et Steinbeck. Mais plutôt qu’en décrire la noirceur et la misère crasse jusqu’au misérabilisme le plus outrancier, plutôt que d’emmener ses personnages vers la violence du roman noir, Vlautin les couve d’une affection profonde et fait entendre leurs voix brisées sans porter sur eux le moindre jugement.
Pourtant, comme dans ses romans précédents, on peut croire que Vlautin charge la barque: Leroy est un jeune soldat qui a sauté sur une bombe en Irak, et qui végète dans son lit d’hôpital après une tentative de suicide manquée. Pauline est une infirmière qui essaie de porter une attention à tous les malades dont elle s’occupe et plus particulièrement à une jeune routarde dont ses compagnons abusent. Et Freddie cumule les boulots pour payer ses dettes, régler la pension alimentaire de son ex et garder l’espoir à la fois de garder sa maison et de revoir ses deux filles un jour. Avec ça, Vlautin vous raconte une Amérique qui se bagarre contre la violence du quotidien, qui roupille dans des squats ou dans des duvets à bord de voitures en panne, préfère se chauffer avec des planches récupérés sur les chantiers plutôt que de payer ses factures de gaz, carbure au café et aux boissons énergisantes du soir au matin pour ne pas s’endormir au boulot, encaisse la bêtise des uns, l’arrogance des autres, la folie de certains, et y retourne.
Dans les romans de Willy Vlautin, un rien suffit pour qu’un être humain soit sauvé. Un mot, un simple geste et, vous ne savez pas pourquoi, vous êtes à deux doigts de pleurer, de plonger dans ses pages et d’aller étreindre les personnages vous-même. Pourtant, une lecture attentive vous fournira peu d’indices sur la manière qu’emploie l’auteur pour vous faire partager tous les sentiments de ses protagonistes. L’écriture semble plate, peu descriptive, se refuse au spectaculaire, ne s’embarrasse que très rarement d’images poétiques ou d’excès de psychologie. Un mot lui suffit pour tailler dans le vif, un simple geste de la main et c’est un monde qui bascule.
Ce n’est pas pour rien que cet écrivain est aussi (et d’abord) un auteur-compositeur de chansons folk. Il tient de cette filiation (très américaine) un goût pour la simplicité et un refus de l’emphase qui le maintient à hauteur de ses personnages. L’héroïsme, le grand spectacle, le grand guignol, l’ironie et les excès en tous genres, il laisse ça aux écrivains qui en ont besoin pour faire vivre leur monde de papier.
En plus d’être un écrivain de grand talent, on le soupçonne en plus d’être vraiment un mec bien. D’un auteur qui traite ses personnages de la sorte, il ne peut en être autrement.

Signé : RongeMaille

02/02/2016

LE GRAND MARIN de Catherine Poulain

Tonnerre de Brest, bande de bachi-bouzouks, asseyez-vous et tenez-vous bien au bastingage car voici l’événement majeur de cette rentrée littéraire francophone et hivernale. Le grand marin de Catherine Poulain est sans doute ce qui nous est arrivé de meilleur depuis des lustres. Pour un premier roman, cette jeune femme a jeté sur le papier une expérience personnelle peu anodine puisqu’elle a travaillé elle-même durant dix ans sur un chalutier en Pacifique Nord. Une expérience de vie exceptionnelle qu’elle avait d’abord retranscrite, dixit la la petite légende éditoriale qui est en train de se tisser autour d’elle, sur des carnets dépareillés qui sont tombés un jour entre les mains de son futur éditeur.
Ce qui nous arrive est bel et bien une fiction, mais c’est bien d’elle qu’il s’agit: un petit bout de femme opiniâtre qui sur un coup de tête, pour des motifs qui resteront jusqu’à la fin mystérieux, décide de quitter le Sud de la France pour les horizons sans fin et glacés au large de Kodiak, en Alaska. Jusqu’au bout, on ne saura jamais quelles raisons ont poussé cette jeune femme d’aspect fragile à relever ce défi. Et d’ailleurs, s’agit-il d’un défi ou d’autre chose ? Dormir sur un sol trempé en compagnie d’hommes peu affables, voir ses rares heures de sommeil entrecoupées par des appels à filer dare-dare sur le pont, à tirer des filets remplis de poissons en furie. Les coups de nageoire dans la figure, les arêtes saillantes qui transpercent les gants, abîment les mains, les vagues qui vous assomment et vous aveuglent sans s’arrêter pendant que vous videz les bestioles à la chaîne.
On l’aura sans doute compris, on n’est pas dans le badinage germanopratin, dans la romance de marin d’eau douce, mais dans une littérature de haut-vol, brute de décoffrage, qui vibre au rythme d’un vécu aventureux. Catherine Poulain se range d’emblée aux côtés de Jack London, Blaise Cendrars et d’autres, qui ne concevaient leur art que comme un écho à la vraie vie, et pas n’importe laquelle. Mais que recherchait-elle à Kodiak, mille sabords, si ce n’est cette sensation de vie pleine à ras-bord? Pourquoi les marins lorsqu’ils sont à terre ne pensent qu’à boire, à boire, faire l’amour, boire, se battre et boire encore, si ce n’est pour oublier l’ennui de cette vie-là ? Pourquoi s’embarquent-ils à bord de rafiots à la salubrité douteuse pour des voyages parfois sans retour, avec des types encore moins aimables qu’eux, et pour des salaires qui leur permettent à peine de se payer une chambre en ville ?
Et puis écrire alors, pour quoi faire ? Pareil sans doute.
La grande fierté de Catherine Poulain, en tout cas, c’est d’avoir fait bonne figure au milieu de ces gaillards, jusqu’à se faire accepter comme une des leurs. Un grand marin, quoi. On peut bien lui avouer ici ce qu’on pense d’elle après lecture de son bouquin: cela faisait bien longtemps qu’on ne s’était pas fait décoiffer comme ça, qu’on ne s’était pas mangé des bourrasques de cette force. Un grand écrivain, quoi.
Bon Dieu quel livre, quelle nana !



Signé : RongeMaille